Interdiction du<br> HHC en France

Le HHC est un cannabinoïde semi-synthétique qui fait de plus en plus parler de lui en France. Pourquoi semi-synthétique ? Car il existe à l’état naturel dans la plante mais dans des quantités si infimes qu’il doit être synthétisé en laboratoire pour pouvoir être commercialisé. Il est vendu sous différentes formes en France : huiles, gummies ou bien sous forme de fleurs ou de résines. La molécule de HHC synthétisée est en général appliquée sous forme de spray ou de bains sur les fleurs et la résine et directement introduite dans les préparations des huiles et des gummies pour ces autres catégories de produits.

Tout récemment les médias, les professionnels de santé ainsi que les politiques on braqué les projecteurs sur le HHC et sur certains acteurs du marché du CBD afin d’alerter sur ce cannabinoïde dont la consommation ne cesse d’augmenter. Mais que reproche t-on à l’Hexahydrocannabinol et pourquoi est-il en passe d’être interdit en France ?

Une molécule apparentée au THC qui à des effets  psychotropes

Découverte dans le courant des années 40 la molécule à refait surface grâce au  développement exponentiel du secteur du cannabis dans le monde. Cette molécule est obtenue par un processus d’hydrogénation qui permet d’ajouter des atomes d’hydrogène à la molécule la plus populaire du cannabis : le THC ou tétrahydrocannabinol. Cette parenté avec le THC ne se limite pas au niveau moléculaire, les 2 cannabinoïdes sont aussi proches pour ce qui est des effets qu’ils procurent. Et c’est ici la première raison pour laquelle le HHC va bientôt être interdit : il a un effet psychotrope. Sa commercialisation à été possible jusqu’à présent car cette molécule n’était pas inscrite sur la liste des substances stupéfiantes ce qui va très prochainement changer. Mais l’effet psychotrope n’est pas le seul motif de l’interdiction bien qu’il soit suffisant selon les autorités.

Un manque de recul au niveau scientifique

De nombreux médecins, pharmacologues et addictologues alertent sur le manque de connaissances concernant ce cannabinoïde. Ils mettent en avant le fait que très peu d’études scientifiques sont disponibles sur le sujet. Certains s’avancent même sur son niveau de toxicité puisqu’ils affirment qu’il serait particulièrement addictif ce qui devra être prouvé grâce à des études scientifiques plus poussées. De plus les témoignages diffèrent quand à la puissance de ses effets. Une partie des consommateurs semble le situer entre le CBD et le THC mais d’autres témoignages parlent d’effets 100 fois plus puissants que son cousin le THC. C’est donc un principe de précaution qui est appliqué mais la toxicité ou la dangerosité du HHC restera à prouver.

Une production pouvant présenter des dangers pour la santé

Dernier point qui semble justifier cette future interdiction : la qualité des produits finis et le mode de production. Des tests sur des fleurs et de la résine de HHC révèlent parfois des traces de métaux lourds ou de solvants. Ces substances nocives pour la santé sont retrouvées à cause d’une mauvaise méthode de fabrication. Il est difficile en effet de s’improviser chimiste…

Le processus d’hydrogénation peut varier selon le sérieux des producteurs, il reste très opaque et ne fait l’objet d’aucune régulation. On sait que pour réaliser cette opération il est nécessaire d’utiliser des solvants et des réactifs tels que du palladium, du nickel ou bien de l’éthanol ce qui n’est pas sans risques si l’opération n’est pas réalisée dans les règles de l’art et pas non plus sans conséquences pour l’environnement.

Une fois l’isolat de HHC obtenu une autre opération pose problème, c’est celle de l’imprégnation. En effet le HHC peut être directement pulvérisé sur les fleurs de CBD avec un spray ou bien immergé dans des bains d’isolat. Là encore le problème est que l’on retrouve des traces de solvants dans les produits lorsque l’opération est mal réalisée. De plus si l’on ne travaille pas de manière scientifique il est difficile de savoir si le distillat est reparti de manière homogène sur les fleurs ou dans la résine.

L'interdiction prochaine du HHC a été annoncée le 15 mai 2023 par le ministre de la santé François Braun et elle devrait être appliquée dans les semaines à venir. Depuis ce communiqué les ventes de HHC explosent et les consommateurs soucieux de faire des réserves achètent en quantité d’autant que les distributeurs enchaînent les promotions dans le but de se déstocker rapidement avant la date fatidique. Quoiqu’il arrive d’autres molécules sont déjà prêtes à prendre le relais afin de remplacer le HHC. Il y a la molécule de H4CBD ou « super CBD » que nous vous avons présenté dans le précédent  article mais aussi le cannabinoïde THCP que nous vous présenterons prochainement. Certains voient dans ces nouveaux cannabinoïdes l’avenir du secteur et un moyen de se différencier dans l’univers très concurrentiel du CBD, d’autres y voient une mauvaise publicité pour tout un secteur d’activité qui commençait à peine à sortir de la nasse...