Le chanvre industriel est cultivé sur de vastes terrains en extérieur, principalement pour sa fibre robuste, il s’adapte à presque tous les environnements et les climats, nécessitant très peu d’apports d’eau et de pesticides. Ce n’est malheureusement pas le cas de la production de fleurs qui a besoin de beaucoup plus d’attentions : plus d’espaces entre les plants pour éviter les contaminations, lutte contre les ravageurs, ainsi qu’un arrosage régulier.
Nous allons voir les principaux challenges qui se profilent en matière environnementale dans les grands pays producteurs puis nous verrons quelles solutions peuvent être mises en place pour aller vers une culture du Cannabis éco-responsable.
Impacts environnementaux liés au développement de la culture Indoor.
Il existe trois manières de cultiver le Cannabis : en extérieur (Outdoor), sous serre (Greenhouse) ou en intérieur (Indoor). Chacune de ces méthodes a une influence plus ou moins néfaste sur l’environnement.
La culture du Cannabis en extérieur est la plus naturelle, profitant de la lumière du soleil, d’un air pur et des pluies éventuelles, elle a un impact environnemental limité, à condition que l’agriculteur n’utilise pas trop de pesticides et qu’il mette en place un arrosage régulé et maitrisé. Ce mode de production nécessite en général de faibles dépenses énergétiques.
La culture sous serre peut être une bonne alternative à condition que la serre soit de qualité afin d’obtenir les meilleures performances, limitant ainsi le gaspillage d’énergie dans le but de fournir des compléments de lumière et de chauffage. C’est le choix fait par la société Hydropothecary Corp., producteur canadien qui cultive uniquement sous serre en faisant appel a un logiciel de gestion de la distribution d’eau pour réduire le gaspillage et obtenir un produit fini plus respectueux de l’environnement. Revers de la médaille : la production ne peut être assurée toute l’année.
La culture Indoor a pour l’heure un impact négatif sur l’environnement notamment à cause de la consommation d’électricité massive qu’elle engendre afin de recréer les conditions idéales de température, d’humidité, de qualité de l’air… Selon un rapport de l’université de Berkeley, aux Etats-Unis on estime que la culture du Cannabis représente 1% de la consommation annuelle d’électricité et rejette 50 millions de tonnes de gaz à effet de serre. Une large part de ces résultats est imputable à la culture en intérieur mais sous certaines conditions nous verrons que ce mode de production est aussi porteur d’espoirs pour l’agriculture moderne.
Pour pouvoir comprendre les problèmes posés par le développement de la culture en intérieur il faut s’intéresser à des marchés déjà bien développés tels que les USA, le Canada et certains pays d’Europe comme la Suisse, l’Italie ou la Grande-Bretagne.
Une étude réalisée aux Etats-Unis et publiée en mars 2021 dans la revue "Nature Sustainability" par des chercheurs de la Colorado State University met en avant les problèmes d’émissions de CO2 liés à l’industrie du Cannabis. Cette étude cible en particulier le mode de production Indoor qui représente 40% de la production totale aux US. En cause les nombreux équipements utilisés pour ce mode de culture qui sont très voraces en électricité tels que les systèmes de ventilation, de chauffage, de circulation de l’air, de régulation de l’humidité.
Le problème de la culture Indoor est aggravé par plusieurs facteurs :
- Tout d’abord les professionnels à la recherche de toujours plus de profits et aussi soucieux de satisfaire la demande qui ne cesse d’augmenter agrandissent les surfaces des hangars de culture.
- Pour l’instant aucune régulation n’a été définie et mise en place par les Etats pour limiter la surface de ces centres de culture ou imposer l’utilisation d’énergies propres en complément telles que les panneaux photovoltaïques ou les éoliennes. Il serait important de définir une charte écologique et des normes à respecter afin de limiter l’impact de ces structures.
- D’autre part la criminalisation de la culture du cannabis dans de nombreux pays pousse les cannabiculteurs à agir avec discrétion et donc à cultiver plutôt en intérieur. Afin de ne pas être suspectés à cause de leur consommation d’électricité beaucoup se tournent vers des générateurs diesel ce qui n'arrange rien.
Atouts de la culture Indoor et perspectives d'évolutions.
Malgré ce bilan carbone mitigé, la culture Indoor pourrait devenir indispensable dans un futur proche. De nombreuses améliorations restent possibles pour que ce mode de culture puisse devenir un atout pour l’agriculture et un vrai allié de l’écologie moderne.
La culture Indoor pour les centres-villes.
Sans parler uniquement de la culture du Cannabis, la culture Indoor pourrait devenir un outil très précieux pour les centres-villes en complément des productions agricoles traditionnelles. En effet la population urbaine ne cesse de croître, elle représentera pas moins de 80% de la population totale européenne en 2050. L’hydroponie constitue une opportunité pour accroître l’autosuffisance et la sécurité alimentaire de nos grands centres urbains. L’étude intitulée « Environmental Impacts of Urban Hydroponics in Europe: A Case Study in Lyon » montre que si les sources d’énergies utilisées étaient vertes l’exploitation hydroponique en intérieur deviendrait une option écologique viable pour fournir et alimenter les villes.
Principaux avantages de l’utilisation de la culture Indoor en centre-ville :
- Premier avantage de ce mode de culture : le gain de place, c’est une culture verticale et hors sol. Cela pourrait permettre de diminuer l’occupation des terres agricoles par exemple.
- Autre avantage de ce mode de culture : la recirculation de l’eau qui va permettre de faire des économies en minimisant les pertes.
- La ferme hydroponique va aussi permettre de produire plus sur une surface donnée.
- La possibilité de produire localement fait économiser les émissions dues au transport et au stockage des marchandises.
- Face aux changements climatiques brutaux et en constante augmentation cet environnement contrôlé permet de se mettre à l’abri des catastrophes climatiques comme les sécheresses par exemple.
Que faudra t-il améliorer pour rendre la culture intérieure écologiquement viable ?
Une étude de mai 2020 du World Wildlife Fund (WWF) et intitulée « Examining the industry and impacts of controlled environment agriculture » confirme l’importance de l’utilisation des énergies vertes du type photovoltaïque pour limiter l’impact des cultures Indoor sur l’environnement, le principal point noir de ce mode de culture résultant de ses dépenses électriques.
Le rapport énumère aussi un certain nombre d’avancées technologiques qui pourraient rendre plus pérenne l’utilisation de ce mode de culture. Si une solution est trouvée au niveau de l’énergie, ce mode de culture pourrait à terme devenir le moins polluant et le plus sûr de tous. Voici donc quelques avancées technologiques indispensables au développement de la culture Indoor :
- Les avancées technologiques dans le domaine des LEDs permettront à terme d’encore améliorer l’efficacité de l’éclairage, de diminuer la chaleur dégagée ou bien de la capter pour en tirer profit.
- L’usage de la fibre optique pour acheminer la lumière jusqu’aux LEDs serait une avancée très importante dans la mise en place d’économies d’énergie. En effet ce mode d’éclairage présente de multiples avantages comme l’absence d’électricité ou de chaleur, l’absence d’entretien….
- L’utilisation de l’intelligence artificielle afin d’améliorer la productivité en maximisant les conditions de culture pourra jouer un grand rôle notamment dans la lutte contre le gaspillage d’eau.
- Il faudra continuer à développer des variétés adaptées à ce mode de culture. Des variétés cultivables sur des surfaces restreintes, peu voraces en eau, plus robustes, propices à la culture sous lampes.
- Grâce à l’utilisation croissante et au perfectionnement constant des sources d’énergies renouvelables comme l’éolien, le photovoltaïque, le thermique.
- En développant la culture urbaine dans des lieux symbiotiques ou sous utilisés tels que les caves par exemple qui permettent de bénéficier de températures plus fraîches.
- En utilisant des déchets ou de la biomasse (tiges, feuilles, racines) pour produire de l’électricité et ainsi créer un modèle circulaire et vertueux.
Le bilan carbone de la culture du Cannabis n’est pour l’instant pas optimal en raison notamment du fort développement de la demande et de l’utilisation majoritaire de la culture Indoor pour la satisfaire. Tout l’enjeu pour le secteur consiste à assurer la production la plus qualitative et régulière possible tout en limitant son impact sur la nature. Avant de pouvoir trouver des solutions pour réduire l’empreinte de la culture Indoor grâce aux futures avancées technologiques et au développement des énergies vertes, il est important de privilégier les modes de productions les plus écologiques que ce soit en extérieur ou bien sous serre. C'est une tendance qui s'impose maintenant aux Etats-Unis, consommateurs et producteurs se tournent vers des cultures plus respectueuses, raisonnées et biologiques. L’engouement croissant pour des événements tels que l’Emerald Cup le prouve. Chez UncleWeed 75% de nos fleurs sont produites en extérieur ou bien sous serre.