Femme qui lève les bras de joie en haut d'une falaise ocre.

Le stress est présent dans notre quotidien que ce soit dans notre vie privée ou professionnelle. C’est un problème structurel de nos sociétés capitalistes où la compétition fait rage. Nous devons quotidiennement répondre à des sollicitations et remplir des obligations en respectant des délais. Les deux ans de crise sanitaire de la covid19, la guerre en Ukraine et les risques de crise économique mondiale ne font que renforcer cette tendance anxiogène. Selon une étude IFOP datant de mars 2022, 95% des français âgés de 18 ans et plus déclarent avoir au moins une grande source de stress ou d’anxiété.

L’anxiété c’est quoi ?

Au départ l’anxiété est une réponse naturelle de notre corps à une situation de danger imminente. Elle se traduit par un certain nombre de signaux physiques et mentaux tels que l’accélération du rythme cardiaque, la peur, le stress, une augmentation de la température corporelle, une tension des muscles… Cependant lorsque celle-ci revient de manière régulière voire permanente sans réelles justifications on parle alors de troubles anxieux. Il existe différents types de troubles anxieux :

  • L’anxiété généralisée : dans ce cas l’anxiété est permanente, sans fondement rationnel, le moindre élément de la vie quotidienne peut devenir une source d’inquiétude ou de nervosité. Cela créée des blocages et empêche la personne de s’épanouir.
  • Les phobies : elles concernent des peurs liées à des sujets ou objets bien spécifiques comme par exemple la peur des araignées, de la hauteur ou de la foule… Les phobies n’entraînent pas un blocage du quotidien comme l’anxiété généralisée. Elles peuvent cependant devenir gênantes lorsqu’elles entraînent des conduites d’évitement qui peuvent amener à des Troubles Obsessionnels Compulsifs ou TOC par exemple.
  • Le trouble panique : il s’agit de crises passagères qui peuvent être violentes, s’apparentant parfois à une crise cardiaque et pouvant nécessiter une hospitalisation. Le sujet éprouve soudain une peur panique et un sentiment de perte de contrôle. Il peut ressentir des vertiges, des difficultés respiratoires et d’autres symptômes physiques désagréables.
  • Le trouble d’anxiété sociale : c’est la peur de développer des relations sociales. L’individu ressent un malaise, une honte et il rejette les échanges sociaux. Le simple fait de devoir s’exprimer en public peut devenir une épreuve. La personne rougit facilement, ses mains deviennent moites et elle peut aussi trembler.

Il est important de noter que ces troubles naissent en majorité dans l’enfance et qu’il est important de les diagnostiquer le plus tôt possible pour pouvoir les traiter.  Les femmes sont en moyenne plus touchées que les hommes. Selon l’étude IFOP de mars 2022 seulement 30% des personnes interrogées consultent un professionnel de santé. Or la médecine dispose de techniques et d’outils efficaces pour combattre les troubles anxieux. Il est important de le faire car l’anxiété peut dans certains cas s’accompagner de symptômes de dépression ou d’addictions. Avant même de songer à utiliser du cannabidiol pour traiter votre problème d’anxiété vous devriez demander conseil à votre médecin traitant, il pourra identifier de quel type d’anxiété vous souffrez et vous proposer les solutions les plus adaptées.

Toujours selon cette étude 62% des personnes interrogées mettent en place des actions pour sortir de cette impasse comme faire du sport, se consacrer à des activités culturelles, pratiquer le yoga, la méditation, prendre soin de leur sommeil.

En ce qui concerne les traitements médicaux il est fréquent que soient prescrits des ISRS (Inhibiteur Sélectif de la Recapture de la Sérotonine) qui bien qu’efficaces ont parfois des effets secondaires gênants. Nous allons donner une explication de ce qu’est la sérotonine puis nous verrons en quoi elle influe sur notre anxiété et notre bien-être.

Qu’est ce que la sérotonine ?

La sérotonine est un neurotransmetteur chargé notamment de réguler l’humeur c’est pourquoi on lui donne le nom de « molécule du bonheur ». Elle transmet des messages chimiques permettant de créer une communication entre les neurones. Elle se trouve à 95% dans le sang et le système digestif, les 5% restants se situent dans le cerveau. Elle est synthétisée par des neurones spécifiques dits sérotoninergiques à partir d’un acide aminé appelé tryptophane que l’on puise principalement dans notre alimentation (poulet, poisson, noix, fromage …). Elle régule de multiples tâches en se liant à une quinzaine de récepteurs disséminés dans notre organisme.   Elle va avoir une influence sur des fonctions physiologiques telles que la sexualité, le sommeil, l’anxiété, l’alimentation, la régulation de la température, les émotions.

Les conséquences d’un déséquilibre des niveaux de sérotonine.

Une carence en sérotonine serait à l’origine de nombreux troubles tel que :

  • La dépression : le lien entre baisse de sérotonine et dépression n’est pas encore formellement prouvé mais l’utilisation d’inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, qui comme leur nom l’indique permettent aux niveaux de sérotonine de se maintenir plutôt que d’être dégradés, fonctionne sur environ 60% des patients traités. Un faible niveau de sérotonine peu être à l’origine de nervosité, d’anxiété et de mauvaise humeur.
  • On a observé que les patients sujets au stress ont en général un taux de sérotonine bas mais le lien entre stress et sérotonine doit encore être précisé.
  • Alimentation : elle permet d’atteindre un sentiment de satiété au cours de nos repas et elle régule nos selles.
  • Coagulation : elle contribue à la formation de caillots sanguins ce qui permet entre autres la formation de croutes et l’arrêt du saignement lorsqu’on se blesse.
  • Un niveau élevé de sérotonine favoriserait la production de mélatonine directement responsable de notre endormissement et du bon fonctionnement de nos cycles de sommeil.

Les carences en sérotonine ont aussi des effets physiques tels que les maux de tête, douleurs musculaires, hypertension artérielle, syndrome du colon irritable, éjaculation précoce…

A l’inverse un niveau trop élevé de sérotonine peut provoquer :

  • De la nervosité et des réactions colériques car la sérotonine agit comme un agoniste de la dopamine c'est-à-dire qu’elle contrebalance ses effets or lorsqu’elle est présente en trop forte quantité c’est l’effet inverse qui se produit. Cette désinhibition entraînerait un comportement agressif.
  • Des troubles sexuels et une baisse de la libido.
  • Des hallucinations, c’est le ce qui arrive avec le LSD par exemple qui fait augmenter fortement le taux de sérotonine.

Il reste néanmoins impossible de mesurer le niveau précis de sérotonine dans le cerveau ce qui constitue une barrière à notre compréhension. Pour l’heure le seul moyen de mesurer le niveau de sérotonine réside dans les analyses d’urine ou de sang.

Les astuces pour tenter d’augmenter son niveau de sérotonine.

Plusieurs astuces existent pour faire en sorte d’améliorer ses taux de sérotonine :

  • L’exposition au soleil booste la création de sérotonine dans le cerveau.
  • La pratique d’une activité sportive régulière.
  • Avoir une alimentation équilibrée en incluant de la nourriture riche en tryptophane.
  • Favoriser son sommeil en mettant en place des règles telles que des horaires de coucher et d’éveil fixe, éviter l’exposition à la lumière bleue avant de dormir etc…

En somme l’important est d’avoir une hygiène de vie équilibrée. Les recherches récentes concernant le lien entre cannabis et sérotonine ouvrent de nouvelles pistes dans la lutte contre l’anxiété et la dépression. Peut-on considérer que prendre de l’huile de CBD va influencer notre niveau de sérotonine et améliorer notre bien-être ?

CBD et anxiété.

On dit que le CBD a une action pléiotropique notamment sur les récepteurs à la sérotonine, à la dopamine et sur les récepteurs aux cannabinoïdes CB1 et CB2.

Le mécanisme le plus célèbre est le rôle du CBD sur le système endocannabinoïde ou SEC. Le SEC est un réseau de récepteurs disséminés dans l’ensemble du corps humain et qui va avoir un effet sur notre équilibre général ou homéostasie. Le CBD va agir sur le SEC en régulant le niveau des endocannabinoïdes liés à ces récepteurs là où ils sont le plus utiles et ce en réponse à des agressions extérieures. Exemple : lors d’une situation de stress le CBD va agir comme un coach en au augmentant le niveau des endocannabinoïdes afin de nous calmer et de revenir à notre état initial. Contrairement au THC le CBD ne se lie pas directement aux récepteurs pour les influencer mais il va agir comme un chef d’orchestre afin de maintenir l’équilibre général du corps.

Cependant les scientifiques travaillent sur de nouvelles pistes qui concernent plus directement le CBD et la sérotonine. Toutes ces pistes doivent être confirmées par des expériences plus poussées. Les éléments connus à ce jour concernant la relation potentielle entre molécule du bonheur et CBD sont les suivants :

  • Certaines études récentes ont montré que contrairement à sa relation avec les récepteurs endocannabinoïdes et le SEC où il se contente de réguler les niveaux d’endocannabinoïdes là ou ils sont le plus nécessaires, le CBD se connecte directement aux récepteurs à la sérotonine (5-HT1A, 5-HT2A et 5-HT3A), à la dopamine (mémoire, plaisir, motivation….) et aux récepteurs vanilloïdes (sensation de la douleur, thermorégulation). Il serait capable de moduler la transmission sérotoninergique et ainsi pourrait influer directement sur les symptômes liés à une carence de sérotonine tels que l’anxiété ou la douleur.
  • Selon une autre étude les cannabinoïdes pourraient avoir un rôle de régulateur des niveaux de sérotonine en fonction des récepteurs.
  • Selon une étude de 2016 un lien entre sérotonine et système endocannabinoïde pourrait exister. Lors de cette étude les scientifiques se sont aperçus que le fait de bloquer les récepteurs à la sérotonine inhibe les propriétés de l’endocannabinoïde anandamide.
  • Une autre expérimentation tend à prouver que l’association entre les ISRS ou antidépresseurs et les cannabinoïdes rendrait leur action plus efficace. Il semblerait qu’il existe un lien entre les récepteurs endocannabinoïdes et fonctionnement des antidépresseurs.
  • Une étude préclinique à révélé que le CBDA, précurseur du CBD dans la plante avant sa décarboxylation, aurait un lien encore plus fort avec la sérotonine. Selon cette étude son impact est bien plus important que celui du CBD et pourrait permettre de soigner encore plus efficacement le stress. C’est une très bonne nouvelle car jusqu’à présent le CBDA qui est une molécule très instable n’était pas exploitable mais grâce au professeur Raphael Mechoulam nous avons maintenant les moyens de synthétiser cette molécule et de l’utiliser à des fins thérapeutiques ou d’amélioration du bien-être.

Les liens entre cannabinoïdes et sérotonine semblent très prometteurs, les deux molécules partagent un objectif commun : améliorer notre homéostasie. Malgré de nombreuses études leur système de fonctionnement reste mystérieux sous bien des aspects. Les systèmes endocannabinoïdes, sérotoninergiques, dopaminergiques sont très complexes et n’ont pas encore livré tous leurs secrets.

Toutes les pistes évoquées, bien que très encourageantes, doivent être validées par des études menées à plus grande échelle.

Comme on a pu le voir le CBD est susceptible d’agir sur de nombreux récepteurs présents dans notre cerveau et notre corps et ayant une influence forte sur notre équilibre et des mécanismes physiologiques majeurs. Cependant bien que le CBD ait un effet évident sur le stress, la tension musculaire, la gestion de la douleur, le sommeil, la recherche doit encore avancer en multipliant les études pour pouvoir valider définitivement et avec rigueur les effets de cette molécule.

Vous pouvez envisager d’utiliser le CBD comme une aide pour soulager une anxiété ou un stress passager mais il ne faut pas oublier que le cannabidiol n’est pas un médicament et que nous manquons de données scientifiques concrètes pour l’instant. La recherche scientifique à longtemps stagné en raison de la diabolisation du cannabis et des blocages mentaux face à cette substance ayant une mauvaise réputation. Les tests précliniques sont insuffisants et il faut augmenter le nombre des études ainsi que leurs échelles pour pouvoir confirmer toutes ces pistes extrêmement encourageantes.